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- Comment la politique frontalière en matière de marijuana peut-elle empêcher les consommateurs canadiens d’entrer aux États-Unis ?
Si vous êtes Canadien et que vous admettez avoir consommé de la marijuana, vous pourriez être interdit d’entrée aux États-Unis. Oui, ces États-Unis, où la marijuana médicale est légale dans de nombreux endroits.
Le cas d’un Canadien qui s’est vu refuser l’entrée aux États-Unis parce qu’il avait admis avoir fumé du cannabis à des fins récréatives a déclenché un débat sur le pouvoir exercé par les agents frontaliers et leur utilisation d’une loi fédérale contre la consommation de marijuana.
Étant donné que le Canada envisage de légaliser la marijuana, le gouvernement canadien s’inquiète, à juste titre, de la possibilité pour ses citoyens de franchir la frontière sans trop d’entraves. Ce qui est encore plus déconcertant, c’est que les citoyens de la Colombie-Britannique traverseraient la frontière pour entrer dans l’État de Washington, l’un des quatre États américains où la consommation de cannabis, même à des fins récréatives, est légale.
Une situation ridicule
S’adressant à la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), le ministre de la sécurité publique, Ralph Goodale, a admis qu’il s’agissait d’une situation ridicule compte tenu du fait que la marijuana est légale à des fins médicinales dans 25 États plus le district de Columbia et légale à des fins récréatives dans quatre États.
Un porte-parole a déclaré que, bien que les deux gouvernements aient été en contact l’un avec l’autre concernant les projets du Canada de légaliser la marijuana, la question des Canadiens arrêtés à la frontière et interdits d’entrée par la suite n’a pas encore été discutée.
L’honnêteté n’est pas la meilleure des politiques ?
Le Canadien dont l’honnêteté a permis de mettre en lumière ce problème est Matthew Harvey, 39 ans, résident de la Colombie-Britannique. Il a été arrêté à un poste frontière dans l’État de Washington en 2014, alors qu’il avait 37 ans. On lui a demandé s’il avait déjà consommé de la marijuana à des fins récréatives lorsqu’un agent des douanes a remarqué un magazine de marijuana dans sa voiture.
Il a ensuite été emmené pour un nouvel interrogatoire et détenu pendant six heures avant de se voir refuser l’entrée sur le territoire à ce moment précis et d’être interdit d’entrée à l’avenir.
Mettez-vous un instant à la place de Matthew. Un consommateur légal de marijuana médicale au Canada, qui conduit dans un État où la marijuana (médicinale et récréative) est légale – il y a toutes les chances que vous n’hésitiez pas à dire la vérité non plus.
Mais si le cannabis est légal au niveau des États, il est toujours illégal au niveau fédéral. Le gouvernement fédéral américain contrôle les frontières, ce qui rend les choses un peu plus floues.
Matthew peut toujours demander une dispense de voyage afin d’être admis aux États-Unis à titre temporaire, mais cette démarche est à la fois coûteuse – 585 dollars (752 dollars canadiens) – et entièrement discrétionnaire, en ce sens que la dispense peut être accordée pour un an, deux ans ou cinq ans, selon l’appréciation de l’agent chargé de l’approbation.
À l’expiration de la dérogation, il devra à nouveau déposer une demande et payer, les frais devant passer à 930 dollars (1195 euros) dans le courant de l’année.
Tout change dans le Nord
Le Premier ministre libéral Justin Trudeau a remporté la victoire en 2015 après avoir fait campagne en promettant de légaliser la marijuana à usage récréatif au Canada. Le gouvernement devrait présenter un projet de loi d’ici le printemps 2017.
Cette position progressiste au nord de la frontière reflète celle d’un certain nombre d’États américains. Et ce nombre pourrait encore augmenter avec neuf autres États qui se rendront aux urnes en novembre pour voter sur des propositions relatives à la marijuana à usage récréatif ou médical.
Cependant, le point d’achoppement pour les citoyens canadiens souhaitant franchir la frontière avec les États-Unis est la loi sur l’immigration telle qu’elle existe actuellement. Les individus ne pourront plus être admis dans le pays s’ils admettent volontairement avoir commis un crime impliquant une turpitude morale – en d’autres termes, une conduite considérée comme contraire aux normes communautaires de justice, d’honnêteté ou de bonne moralité.
Et si le Canada met en œuvre son projet de légalisation de la marijuana en 2017, d’autres complications pourraient survenir. La loi américaine peut empêcher des personnes d’entrer dans le pays si elles admettent avoir consommé des drogues « illégalement », mais elle n’interdit pas aux personnes qui consomment actuellement des drogues légalement d’entrer dans le pays.
Il peut en résulter une situation dans laquelle un agent des frontières, à sa seule discrétion, refuse l’entrée à une personne non pas parce qu’elle consomme actuellement du cannabis légalement, mais parce qu’il y a de fortes chances qu’elle en ait consommé illégalement à un moment ou à un autre dans le passé.
Franchir la frontière de la marijuana : Que dire lorsque l’on se dirige vers le sud ?
Comme l’a souligné Ralph Goodale à la CBC, les citoyens canadiens devraient être bien informés du fait que les États-Unis d’Amérique appliqueront leurs lois fédérales s’ils le jugent nécessaire. À première vue, c’est une bonne chose. Il s’agit des lois d’un autre pays et il n’y a pas grand-chose à y faire.
Cependant, l’hypocrisie pure et simple d’une frontière existant entre deux endroits où le cannabis est légal, qui empêche le mouvement d’une personne qui a admis avoir consommé du cannabis, est toujours difficile à avaler. De plus, il existe de nombreux autres actes criminels légitimes qui ne constituent pas des obstacles à l’entrée aux États-Unis, comme une condamnation pour conduite en état d’ivresse, par exemple.
Et Matthew Harvey n’est pas le seul à avoir succombé à cette décision insensée. Un cabinet d’avocats de Toronto aurait entendu parler d’au moins 50 personnes au cours des deux dernières années qui ont été interdites d’entrée aux États-Unis pour avoir été trop honnêtes avec un agent frontalier lorsqu’on leur a demandé s’ils consommaient de la marijuana.
Alors, Canadiens, que devez-vous dire exactement si vous prévoyez un séjour au sud de la frontière ?
Vous pouvez tout simplement refuser de répondre à la question. Vous pourriez être détenu pendant plusieurs heures, mais il n’y a aucune obligation légale de répondre à la question. Ou, si vous êtes pressé d’éviter les files d’attente à Disney World, vous pouvez tout simplement nier avoir consommé du cannabis dans le passé.
Vous devriez ainsi pouvoir vous rendre en toute sécurité au pays de la liberté et à Space Mountain.
Êtes-vous originaire du Canada ? Avez-vous rencontré des problèmes lors du passage de la frontière ? Pensez-vous que les choses doivent changer pour permettre la légalité de la marijuana dans les deux pays ? Faites-nous part de vos réflexions dans la section des commentaires ci-dessous.
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